Découvrez les prétendants à la présidence du Conseil national de l’Ordre des experts-comptables

À l’approche des élections du Conseil national de l’Ordre des experts-comptables, un éclairage détaillé sur les principaux candidats se révèle indispensable pour saisir les enjeux qui animent la profession en 2025. Trois listes se disputent la présidence, chacune incarnant une vision et des priorités différentes pour le futur de l’expertise comptable en France. L’Ordre, garant des normes comptables et du Conseil fiscal, joue un rôle central dans la gestion financière et l’audit des entreprises, tandis que les ressources humaines et la formation professionnelle s’imposent en défis majeurs. Cette échéance électorale s’inscrit dans un contexte d’évolution technologique et réglementaire accélérée, où les débats tournent autour de la transformation numérique, de la déontologie et de la valeur ajoutée à apporter aux cabinets et à leurs clients. À travers ce portrait des prétendants, il est possible d’apprécier la diversité des projets proposés et les perspectives renouvelées pour la profession, alors que se profile la succession à la tête du Conseil national de l’Ordre des experts-comptables.

Profil et programme de Cécile de Saint Michel, candidate à sa réélection à la présidence du Conseil national de l’Ordre des experts-comptables

Experte-comptable installée en Seine-et-Marne depuis 2000, Cécile de Saint Michel présente un profil de dirigeante expérimentée à la tête d’un cabinet comptable d’une trentaine de collaborateurs. Diplômée depuis 1997, elle incarne la stabilité et la continuité pour la mandature à venir. Cofondatrice du mouvement politique professionnel « Ensemble pour agir » (EPA) en 2022, elle porte un projet axé sur plusieurs leviers afin d’accompagner efficacement les cabinets dans un environnement économique en mutation.

Le premier axe majeur de son programme est dédié à l’accompagnement des experts-comptables et de leurs équipes, jugé « un enjeu de long terme impossible à régler en deux ans seulement ». Elle souhaite prolonger et renforcer le plan d’accompagnement baptisé « Profession comptable 2030 », doté d’un budget conséquent de 4,5 millions d’euros. Ce dispositif vise notamment à soutenir l’intégration des nouvelles technologies et à optimiser la gestion financière dans les petites et moyennes structures.

Le projet « La Source », lancé lors du congrès de la profession, illustre une innovation clé. Il s’agit d’un data lake destiné à faciliter l’accès sécurisé aux écritures comptables des clients via des accords avec les éditeurs de logiciels spécialisés. Cette démarche permettrait de réduire les délais de traitement des bilans comptables et de renforcer la fluidité du travail d’audit et de Conseil fiscal.

Réforme des diplômes en expertise comptable et adaptation des formations professionnelles

Cécile de Saint Michel met également l’accent sur la révision des trois diplômes phares : DCG, DSCG et DEC. La refonte initiée du Diplôme de Comptabilité et Gestion (DCG) s’oriente vers une structuration en blocs de compétences. Le Diplôme Supérieur de Comptabilité et de Gestion (DSCG) intègre de manière renforcée les domaines du numérique et du développement durable, reflet des évolutions actuelles des normes comptables. La réforme du Diplôme d’Expertise Comptable (DEC), encore en phase de conception, prévoit une autre répartition des épreuves, faisant passer en priorité les examens de déontologie et d’étude de cas pratique dès la première année, avec une concentration du mémoire sur les années suivantes, garantissant le maintien du niveau d’exigence.

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Un autre point fort du programme repose sur la généralisation du modèle de Sup’Expertise, l’école francilienne issue de la fusion récente de deux institutions, qui pourrait être dupliqué dans plusieurs régions afin de renforcer la formation professionnelle et l’expertise sur le terrain.

  • Prolongement du plan « Profession comptable 2030 »
  • Développement du data lake « La Source »
  • Adaptation des diplômes DCG, DSCG, DEC aux réalités contemporaines
  • Extension du modèle Sup’Expertise à d’autres régions
  • Réflexion sur la sous-traitance en lien avec la Cour de cassation
Axes du programme Objectifs concrets Impact attendu sur la profession
Accompagnement des cabinets Plus de 4,5 millions d’euros de budget sur plusieurs années Meilleure gestion financière et intégration numérique
Data lake « La Source » Convention avec éditeurs pour accès simplifié aux écritures comptables Facilitation de l’audit et du Conseil fiscal
Réformes des diplômes Réorganisation des épreuves et introduction des blocs de compétences Meilleure adaptation des formations professionnelles aux besoins du marché

Sur la question sensible de la sous-traitance, interdite aux non-membres de l’Ordre depuis un arrêt de 2022, elle propose la constitution d’un groupe de travail transpartisan. L’idée est de réfléchir conjointement à une évolution pragmatique qui pourrait soulager la pression liée aux difficultés de recrutement dans les cabinets, sans compromettre les standards déontologiques et de qualité qui fondent la profession.

Florent Burtin et Damien Charrier : stratégie à deux têtes pour une gouvernance partagée

Le tandem formé par Florent Burtin et Damien Charrier, respectivement président et premier vice-président de l’Institut français des experts-comptables et des commissaires aux comptes (IFEC), tranche par son approche collaborative et structurée.

Véritable binôme, ils ont conçu un mandat partagé : Damien Charrier assumera la présidence jusqu’en 2026, année où Florent Burtin prendra sa relève jusqu’en 2028. Cette formule inédite vise à favoriser la continuité dans la gouvernance tout en impliquant deux leaders expérimentés de la profession.

Leur programme s’articule autour de six ambitions majeures, qui regroupent enjeux numériques, organisationnels, réglementaires et territoriaux.

  • Simplifier la vie des cabinets et collaborateurs via une identité numérique professionnelle affirmée.
  • Créer une commission permanente dédiée à l’identification des adaptations nécessaires aux outils et méthodes.
  • Accélérer le virage numérique et développer une intelligence artificielle souveraine et sécurisée.
  • Mettre en place un label « partenaire professionnel » assurant la sécurité, la transparence et l’équité.
  • Assurer des formations qualifiantes ciblées, avec un passeport collaborateur référençant les compétences.
  • Renforcer la gouvernance locale et soutenir les territoires ultramarins par une meilleure intégration.
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Développement numérique et éthique professionnelle : un duo porteur de changement

Le focus sur l’ascension technologique s’accompagne d’une volonté affirmée de préserver les piliers déontologiques de la profession. Florent Burtin et Damien Charrier insistent sur la nécessité de tester la fiabilité des partenaires externes, afin d’éviter les risques en cybersécurité et préserver l’intégrité des données comptables sensibles. Le futur label partenaires devra englober non seulement la sécurité informatique, mais aussi les critères tarifaires et contractuels associés, offrant ainsi un cadre rigoureux pour les relations avec les éditeurs et autres acteurs du secteur.

La formation professionnelle constitue par ailleurs un volet fondamental avec la mise en place d’un « passeport collaborateur ». Ce dispositif permet de recenser et valoriser les compétences individuelles dans des métiers clés comme le contrôle de gestion externalisé ou le cost-killing, en phase avec les attentes du marché et les normes comptables qui évoluent constamment.

Ambitions principales Moyens envisagés Bénéfices escomptés
Identité numérique professionnelle Création d’une commission permanente Facilitation du mandat implicite et gains d’efficacité
Virage numérique et IA souveraine Développement d’outils fermés et sécurisés Renforcement de la confidentialité et de la pertinence des audits
Formation qualifiante Passeport collaborateur et parcours métiers ciblés Meilleure employabilité et adaptation aux besoins sectoriels

Autre particularité, le binôme revendique une haut degré d’ancrage régional et ultramarin, qu’ils souhaitent valoriser par des initiatives participatives. Leur objectif est de déconcentrer le pouvoir décisionnel en donnant davantage de libertés aux conseils régionaux, tout en tenant compte des spécificités territoriales dans les politiques nationales.

Jean-Luc Flabeau et la priorité aux ressources humaines pour booster la profession comptable

À la tête du syndicat Experts-comptables et commissaires aux comptes de France (ECF), Jean-Luc Flabeau met en exergue une problématique souvent sous-estimée : la gestion des ressources humaines dans les cabinets d’expertise comptable. Selon lui, une véritable « urgence » s’impose en matière de recrutement et de fidélisation.

Son programme comprend plusieurs initiatives structurantes destinées à inverser la tendance actuelle de pénurie de talents.

  • Lancement d’ECMA RH, un outil d’évaluation des besoins en ressources humaines spécifique à chaque cabinet.
  • Mise en place d’une plateforme nommée jerecrute.com, reliant les cabinets aux écoles partout en France pour faciliter les contrats d’apprentissage et de professionnalisation.
  • Lancement de campagnes territoriales ciblées pour améliorer l’attractivité locale des professions comptables.

Au-delà des ressources humaines, la transition numérique et la protection des données constituent des volets majeurs de son programme. Jean-Luc Flabeau souhaite affirmer le leadership du Conseil national dans la généralisation de la facture électronique auprès des PME. Il s’engage aussi à renforcer la sécurisation des données numériques et le dialogue avec les éditeurs afin de rééquilibrer les relations professionnelles.

Il propose de lancer un chantier dédié à l’intelligence artificielle, visant à faire émerger de nouvelles missions pour les experts-comptables tout en assurant la formation des équipes en interne. Parmi les autres pistes, un archivage électronique sécurisé ainsi qu’un label pour les éditeurs garantiront la protection du patrimoine numérique de la profession.

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Engagement militant et accès élargi aux missions RSE et extra-financières

Jean-Luc Flabeau entend également faire de la profession un acteur plus engagé, proche de ses adhérents et des pouvoirs publics. Il rappelle que « le corporatisme n’est plus d’actualité » et propose un Conseil national plus militant et ouvert vers un écosystème plus large. L’offre de formation s’enrichira par un cycle spécifiquement dédié à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et aux rapports extra-financiers, avec un mécanisme financier d’aide destiné à encourager les cabinets à former leurs équipes sur ces sujets porteurs.

Dans un souci d’accompagnement des jeunes experts-comptables, il prévoit aussi l’instauration d’un fonds de garantie facilitant l’installation et la réussite des nouveaux professionnels. Ce volet souligne l’importance de la relève dans un contexte de forte concurrence et d’évolution constante des normes et missions.

Objectifs clés Actions prévues Conséquences attendues
Amélioration des ressources humaines Création d’ECMA RH et plateforme jerecrute.com Meilleure attractivité et rétention des talents
Transition numérique et cybersécurité Chantier IA, archivage sécurisé, label éditeurs Protection renforcée des données et innovation
Engagement et formation sur RSE Cycle de formation dédié avec fonds spécifique Accès élargi aux missions RSE et extra-financières

Ces propositions illustrent une volonté d’agir à la fois sur les besoins fondamentaux du secteur, comme la gestion humaine et la formation professionnelle, et sur les exigences émergentes en matière de technologies et d’impact social, indispensables à la pérennité de la profession.

Analyse comparative des programmes des candidats à la présidence du Conseil national des experts-comptables

Face à la diversité des propositions, une comparaison synthétique permet de mieux comprendre les priorités respectives des candidats et des listes en compétition.

Candidat(s) Axes prioritaires Points forts Limites ou risques
Cécile de Saint Michel Accompagnement, formations, réforme des diplômes, innovation Expérience et savoir-faire consolidé, projet structuré sur la durée Risque de continuité conservatrice face aux transformations
Florent Burtin et Damien Charrier Transformation numérique, gouvernance partagée, régionalisme Approche collaborative, volonté d’innovation et décentralisation Complexité de la double présidence, dépendance au contexte numérique
Jean-Luc Flabeau Ressources humaines, militantisme, transition numérique et RSE Focus clair sur le facteur humain, engagement en faveur de la profession Enjeux de mobilisation et crédibilité du militantisme

En examinant ces orientations, l’expertise comptable se positionne résolument à la croisée des chemins, entre modernisation numérique et renforcement des fondamentaux réglementaires et humains. La qualité du bilan comptable, la conformité aux normes comptables ainsi que le Conseil fiscal en découlent directement, tout comme la robustesse des missions d’audit qui fondent la crédibilité de la profession.

Impact des élections sur la profession : enjeux, perspectives et défis à relever

Les prochaines élections du Conseil national de l’Ordre des experts-comptables revêtent une importance capitale pour l’avenir de la profession au regard des mutations en cours. Ces scrutins, qui se déroulent du 4 au 18 novembre 2024, concernent aussi l’élection des conseils régionaux, marquant une opportunité pour le renouvellement des stratégies au niveau national.

Premier défi partagé : l’intégration du numérique dans les pratiques traditionnelles, notamment par l’adoption accélérée d’outils performants pour la gestion financière, la comptabilité et l’audit. Le déploiement d’Intelligence Artificielle générative souveraine, sécurisée et conforme aux exigences déontologiques, figure parmi les priorités pour garantir l’efficacité et la qualité des services.

En outre, la question des ressources humaines est mise en lumière par la difficulté croissante à recruter et fidéliser des talents dans les cabinets, dont la taille et les besoins évoluent. Le développement de formations professionnelles adaptées et certifiantes, ainsi que la création de dispositifs régionaux et nationaux pour favoriser l’attractivité territoriale, sont parmi les pistes envisagées.

Les enjeux de gouvernance et la décentralisation du pouvoir décisionnel

L’évolution de la gouvernance du Conseil national apparaît essentielle pour répondre aux attentes des experts-comptables répartis sur tout le territoire, y compris dans les départements ultramarins. Une plus grande autonomie des conseils régionaux pourrait favoriser une meilleure prise en compte des réalités locales, tout en garantissant une cohérence nationale à travers des initiatives partagées.

Le Conseil national devra aussi renforcer son rôle d’interlocuteur crédible auprès des pouvoirs publics. Dans un contexte de législation économique et fiscale en perpétuelle évolution, être consulté en amont des projets de textes règlementaires demeure un impératif pour défendre les intérêts de la profession et assurer la conformité des pratiques.

Enjeux clés Conséquences attendues Mesures envisageables
Transformation numérique Amélioration des processus, gain de temps Déploiement d’outils IA, sécurisation des données
Gestion des ressources humaines Renforcement des effectifs et fidélisation Formations ciblées, plateformes de recrutement, soutien territorial
Gouvernance locale et décentralisation Meilleure adaptation aux besoins régionaux Délégation accrue aux conseils régionaux, intégration Outre-mer